Fil et bois

Cette laine orange, c'est une histoire à rebondissements. Ca fait si longtemps que j'ai ce projet en tête que ça devient ridicule.

Donc hier, boostée par une journée de filage entre amis, j'ai finalement cardé une petite partie de mes 500 grammes de mêche, et commencé à filer pour voir le résultat.

Donc si on résume:

• la mêche orange a été teinte deux fois avec du rouge coquelicot
• la mêche blanche a été teinte en jaune, rouge et brun, avec des réserves non teintes
• j'ai cardé deux fois, à raison de 2/3 de orange, 1/3 de camaieu
• filage cool, une sorte de woolen simplifié, à la manière des "big and lofty yarns" de Maggie Casey, mais sans chercher une vraie grosse laine. En visant par contre une texture moelleuse et pleine d'air

J'obtiens un 10wpi, j'ai fait un échantillon en 5,5 qui s'avère trop lâche. Donc ce sera une laine à tricoter en 4,5-5, ce que je ne classe pas, personnellement, dans les grosses laines. Juste comme j'aime, en fait.

Ca reste très vif, ça pique un peu les yeux, mais je crois que je l'aime, ce orange !

Et comme cette technique est rapide, qu'on remplit vite la bobine, je ne suis pas trop impressionnée par la grande quantité de mêche à filer. Peut-être que, finalement, je l'aurai un jour, mon gilet orange en filé main...

PS: j'ai un peu continué à filer cette mêche, et autant j'aime de plus en plus cette couleur, autant en gilet sur moi, je crois que ça ne va pas le faire. Par contre, je file maintenant en ayant en tête un Ashby couleur de feu...

Reçu aujourd'hui, j'étais comme une gamine quand mon compagnon est revenu de la boîte aux lettres avec le carton dans les mains.

Un peu de réapprovisionnement en forme d'encouragement pour la rentrée (oui, je vais continuer à trouver du temps pour bricoler ! non, le taf ne me prendra pas la tête !!!)

Vous les voyez, là, les jolis fuseaux turcs ?

(olivier, palissandre d'Amazonie, bois de rose, cade, bois de violette)

Et là, ça va mieux ?

Colis odorant car les carrelets clairs en bas à droite sont en bois de genévrier. Ils ont gardé une bonne odeur d'épice, et j'aime beaucoup l'idée qu'un fuseau puisse protéger des insectes la toison gardée à son contact.

Sur le tour à bois, je m'amuse à expérimenter de nouvelles formes (même si, le plus souvent, c'est à force de retouches successives que j'arrive... pas du tout à la forme que j'avais en tête au départ).

Lorsque je tourne une fusaïole, j'ai souvent une idée du type de fuseau auquel je la destine, mais le verdict final se fait après un test sur différentes tiges.

Alors on joue aux devinettes: cette belle fusaïole toute brillante en amarante ? Plutôt fuseau suspendu ? Supporté ?

Eh bien, rien ! En fuseau suspendu, que ce soit top ou bottom whorl, une inertie médiocre, alors que la pièce est parfaitement centrée.

En fuseau supporté, bof, la fusaïole est trop large, ce qui impose un gros effort pour lancer le fuseau.

Voilà, donc, jolie pièce, mais tout juste bonne à faire un médaillon ou un porte-clé.

Et sinon, j'ai mis sur les aiguilles la laine filée au printemps dans une somptueuse mêche de mérinos.

Aussi incroyablement douce à tricoter qu'à filer.

Tricoté dans une laine tweedée qui me fait penser à l'herbe sèche, modifié pour devenir un pull à encolure boutonnée, il me plait bien.

Peasy de Hiedi Kirrmaier
Tricoté en laine Gala mix fiber, une laine trouvée chez Fibrex, à Luingnes

Une technique originale au niveau du col permet d'obtenir cette jolie forme, le point dentelle rend vraiment bien.

Bref, rien à redire, le modèle est précis et bien écrit, on peut facilement l'ajuster comme tous les top-down. A recommander chaudement.

... il y a de la pure laine toute simple, pour un projet qui monte tranquillement.

Ando, du Wool People n°3, en Malmédy gris foncé

Modèle recalculé pour coller à ma laine bien plus épaisse, mais ça n'a pas été compliqué, ce gilet est constitué d'un assemblage de pièces géométriques simples.

Seus les demi-devants sont tricotés en maille texturée, de simples mailles croisées créent ce effet discret et souple.

Et j'inaugure avec ce projet les jolis marqueurs créés par Sylvie.

Mon Peasy version polo est terminé depuis longtemps, mais va encore rester quelques jours bien sagement plié sur la pile, hein, vous me suivez ? ...

Depuis une semaine, tous les matins, je passe environ 2 heures dans l'atelier, avant que le soleil ne réchauffe trop la cabane de jardin où je me suis installée.

Ces derniers jours, je me suis consacrée au projet commun avec Sylvie, et j'avais constaté que je me maîtrisais nettement mieux les petites gouges achetées le mois dernier.

Mais je ne pensais pas avoir autant progressé !

Résultat: le premier fuseau russe conforme à ce que j'avais en tête. Une trentaine de grammes, tout en buis, poncé à fond-à fond, ciré, tout doux au toucher.

Je suis plutôt très contente des ornementations. J'ai eu un peu de mal à terminer la pointe, j'avais voulu placer un noeud juste à cet endroit pour des raisons décoratives, mais ça rend les réactions du bois moins prévisibles. Du coup, la pointe a un effet "spirale", signe d'une vibration de la pièce en fin de tournage, mais ça ne nuit en rien à la rotation du fuseau lors du filage.

Et quand je compare à mes essais précédents, je me rends compte du chemin parcouru:

De gauche à droite: mi-août, début juillet, fin avril

Et dans le reste du carrelet, j'ai creusé un mini-bol, inutilisable comme ça, mais j'ai dans l'idée de l'intégrer à un bol en bois clair tourné sur mesure. On verra si j'y arrive.

J'ai aussi terminé deux fuseaux en iroko, en tailles mini et medium.

J'ai récemment fabriqué une pièce sur le modèle des fuseaux traditionnels du Ladakh, et j'ai voulu tester ce qu'il avait dans le ventre.

J'aime beaucoup utiliser les fuseaux tournés d'une seule pièce, ils me donnent l'impression de m'approcher au plus près des premières techniques de filages. Au-delà de ses caractéristiques cinétiques, j'était curieuse de voir combien de laine il était capable d'accepter.

Je l'ai rempli jusqu'à ne plus avoir de place pour poser mes doigts. Puis j'ai fait un retors simple à deux brins, et j'ai obtenu ceci:

Après mise en écheveau...

... il était temps de passer sur la balance, et le résultat est sans appel:

Monsieur Phang est capable de filer plus que son propre poids !

Quelques jours en vadrouille début août, et à mon retour, impossible de remettre l'ordinateur en route. On a essayé pas mal de trucs, mais le patient n'a pas pu être ranimé. Le temps de choisir son remplaçant, je suis restée un peu à l'écart des blogs et des forums, me voici de retour avec un beau PC tout neuf qui, en plus pourra partir en vadrouille dans le jardin, le rêve (non, sans blague, écrire ses cours dans le jardin, ça change tout !)

Durant cette petite quinzaine, il y a eu une belle rencontre: Sylvie, qui tient le blog La Festéolienne. Discussion passionnée autour de la création manuelle, alors quand elle m'a contactée peu de temps après pour me proposer un projet à 4 mains, j'ai dit oui avec enthousiasme.

Je suis donc en train de préparer la partie "bois tourné" de ce projet, et je suis hyper curieuse de voir comment elle va ajouter sa touche à elle. La suite d'ici une dizaine de jour, si tout roule.

Ces petites pièces m'ont donné beaucoup d'assurance, j'ai gagné aussi en précision, expérimenté la technique du fil de fer qui permet de brûler le bois et d'imprimer des lignes en relief. Et je me suis éclatée sur ces pièces, car elles ne sont pas soumises aux contraintes cinétiques des tiges de fuseaux. Bref, j'ai fait ce qui m'est passé par la tête, et c'était jouissif !

Lors de cette quinzaine, des fuseaux turcs sont aussi sortis de l'atelier. Il sont très légers, un autre de taille moyenne sera terminé dans les jours qui viennent.

Celui-ci est en iroko.

Celui-là en poirier.

Il y a eu aussi du tricot, un pull est terminé et un autre est en route. Mais les photos attendront, le temps est doux, le jardin m'appelle pour une dernière séance tricot-lecture avant d'allumer le barbec'.

C'est un modèle de fuseau de la région du Ladakh, on appelle ça un Phang, mais il a pourtant une allure de pieu à vampire.

Il a été tourné dans un barreau de bois d'hickory, je croyais que c'est plutôt une essence utilisée dans la construction, mais il sert apparemment à fabriquer des baguettes de batterie, et une variété donne les noix de pécan. (Rien à voir, c'est de l'Iroko !) La surface travaillée était assez irrégulière, alors il lui a fallu un ponçage très poussé, suivi d'un peeling aux particules de nacres, en terminant par un soin à la cire pour faire sortir son très joli teint.

Je n'ai pas vraiment de référence quant à la taille habituelle de ce type de fuseau. Donc je me suis laissé guider par le bloc de bois, et j'obtiens au final un fuseau très maniable (et pas seulement comme arme blanche...)

J'ai pris cette réalisation comme un exercice d'entrainement: avec une forme aussi dépouillée, pas question de rectifier un mauvais geste en ajoutant une ornementation.

Second petit plaisir de la journée: parce qu'un tricot arrive presque à la fin, échantillonner pour le suivant en réquisitionnant les laines du stock. Un fil à chaussettes gris moyen, ça va mieux avec de la pichenette ivoire ou un mohair parme ?

Pas très originale, j'ai craqué sur un des derniers modèle parus chez Jared Flood. A vrai dire, si le Wool people n°3 avait été disponible en e-book complet, j'aurais préféré, je n'aurais pas eu à choisir lequel commander en premier...

Du bois d'amarante

et du poirier, pour essayer une nouvelle forme, encore plus épurée.

Mon conjoint trouve qu'il n'est pas beau, moi, je l'aime beaucoup-beaucoup !

Les pièces ne sont pas encore débarbouillées ni passées à l'huile de lin, mais elles ont déjà franchi vaillamment la phase de test, et elles tournent comme de petits démons.

Le fuseau turc, ça vous réjouit une bricoleuse: alors que deux fuseaux classiques sur trois sont inutilisables parce qu'imparfaitement centrés, les fuseaux turcs fonctionnent à tous les coups ! La chance de la néophyte ?

Bon, j'aurais dû attendre dimanche pour poster des photos, mais je ne pourrai pas patienter autant. Donc Fanny, passe ton chemin, sinon l'effet de surprise de ton cadeau sera gâché....  Ben en fait, je n'ai pas pu résister, je lui ai offert son cadeau avant la date officielle...

Et pour les autres, il va falloir tourner la molette de la souris.

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Voilà, après plein de tentatives, tout juste sortis de l'atelier et encore plein de sciure, le fuseau Jenkins qui m'a servi de modèle et le fuseau maison.

Le même après débarbouillage, passage des bras en poirier à l'huile de lin, et test pour vérifier la stabilité du machin.

Résultat du test: j'ai fabriqué un spindle d'amour, comme dirait ma copine Isabelle. Super fière, pour le coup, ça fait des mois que je rêvais d'arriver à un tel résultat. Il tourne aussi bien que le Jenkins, celles qui ont déjà essayé un Turkish delight comprendront.

Mensurations du coco:

Par rapport au Jenkins, j'ai ajouté une petite encoche en bas de la tige pour attacher son amorce, c'est bien plus simple ensuite pour retrouver le début de sa laine, quand le fuseau est devenu bien dodu.

Et la photo "mini me", à côté du fuseau réalisé la semaine dernière.

Jamais été aussi fière d'un cadeau fait main.