Fil et bois

Quand on aime le travail manuel, on sait qu'on a toujours des choses à apprendre, mais on l'oublie parfois, pour se livrer au simple plaisir de tricoter du jersey ou de filer de la laine avec sa technique préférée. On reste dans sa zone de confort.

Mais de temps en temps, le visionnage d'une vidéo ou la lecture d'une article donne envie de sortir de ce que l'on maitrise.

Ca a été mon cas cet après-midi, grâce à la vidéo "spinning cotton" de Stephenie Gaustad. J'avais regardé le premier fichier sans trop avoir envie de m'y mettre, j'avais juste apprécié le ton super-cool de la prof, en me disant que franchement ça n'avait pas l'air facile.

Et quand j'ai regardé la partie sur les fuseaux, j'ai eu immédiatement envie de tenter le coup. J'ai choisi un fuseau rapide, celui qui semblait se rapprocher le plus d'un fuseau à coton, et après quelques mètres, j'ai eu une révélation.

La gestuelle est différente de tout ce que j'ai pu essayer auparavant, les réactions de la fibre très surprenantes, et les sensations clairement addictives.

Le mèche attendait son tour dans mon stock de fibre depuis des années, je l'avais commandée aux Laines du Mouchon quand j'ai commencé à filer sur mon premier rouet, en juillet 2006 !

Depuis, le fuseau s'est rempli trois fois plus, et je crois même avoir une petite ampoule qui commence à s'installer sur le majeur...

Bref, je kiffe !

Edit de 21h30: quand je vous disais que c'était addictif...

J'ai pourtant persévéré, au point d'arriver pratiquement à la fin du pull. Mais il n'y a rien à espérer: le corps est trop large, les manches pourtant à la bonne taille paraissent trop étriquées, et le col ne se pose pas du tout comme il faut.

Le jacquart du haut est pourtant si joli.

Une seule solution me paraît possible à ce stade: détricoter entièrement, inverser le motif et recommencer en top-down.

Quand j'en aurai le courage...

Du coup, j'ai débuté un châle simple, en point mousse, avec une bordure à peine travaillée, dans une laine toute simple mais moelleuse et réconfortante.

 A sensible shawl, du Jane Austen n°3, en pure laine Eco wool Annell.

Et même si je sais que je prends de gros risques, j'ai décidé d'essayer un Twigs and willows en Cascade Eco+, qui est nettement plus épaisse que l'originale. Je me base sur un pull qui me va bien pour adapter le buste, et quand j'en arriverai aux motifs de feuilles, il faudra bidouiller (encore plus que d'habitude... )

Nouvel essai de fuseau "entre France et Russie", cette fois en Zebrano.

Les formes courbes vont bien à ce bois plein de nuances, même si les finitions prennent du temps. Cette essence ne se laisse pas adoucir par les tranchants des gouges, il faut un bonne cargaison d'abrasifs pour venir à bout de sa texture granuleuse.

Mais ça vaut la peine, non ?
En tous cas, ça donne envie d'essayer ce type de forme sur du bois de rose.

Et dans une toute petite chute de poirier, "à peine un bol", une silhouette de bol pour fuseau.

Quand 2 cm de bois suffisent pour se faire plaisir.

J'ai mis à profit mes derniers jours de vacances pour "faire du copeau". L'expression prend d'ailleurs tout son sens avec l'érable moucheté, qui fait sous les gouges de très longs copeaux frisottés.

J'ai refait un fuseau "type français", en modifiant légérement les proportions, afin de corriger certains défauts du prototype de février. La pointe du bas a été élargie, le milieu du corps a été épaissi, et le résultat est probant. Ce fuseau est resté très facile à lancer, mais a gagné en inertie, il tourne bien plus longtemps.

J'ai aussi refait un fuseau tibétain en bouleau madré, à tige en noyer. Léger et rapide, joli à regarder, il me plaît bien.

Et voilà les deux cocos côte à côte pour la photo.

 Quant au dernier, c'est un tout petit modèle de 15 grammes, à fusaïole compacte, qui doit encore recevoir un crochet avant de passer au test.

La couverture aux moutons n'avance pas bien vite, je me trompe souvent dans le motif, et je détricote beaucoup.

Mais là, j'arrive au rang de moutons gris, je me dis que ce sont les gotland de Florence

Les commentatrices du dernier billet avaient raison, il y avait moyen de recycler les pièces ratées de la dernière fois.

L'une des deux tiges en noyer a pu être sauvée, et j'ai tourné dans la foulée un second pic à tricot dans une petite chute qui trainait dans l'atelier. Sans doute de l'if, mais sans certitude.

(ces deux pics sont pour toi, Marion, je te les donne jeudi s'ils te plaisent)

Par contre, c'en est bien fini du fuseau en olivier...Au moins, j'aurai essayé

Remise en confiance, j'ai terminé un fuseau turc en wengue. J'avais déjà utilisé ce bois en tournage, pour une fusaïole de tibétain. Je trouve qu'il rend aussi très bien découpé à la scie à chantourner.

Les variations de grains sont spectaculaires sur les découpes à angle droit.

Mais je pense que ce fuseau sera plus harmonieux muni d'une tige un peu plus longue.

...si on s'arrête une semaine, on ne sait plus comment ça marche. Mon prof de tournage m'avait prévenue, et même avec 18 mois d'expérience, ça reste vrai.

Donc hier, pour la reprise, un fuseau raté, et deux tiges bonnes pour la cheminée.

J'ai voulu refaire un essai de fuseau français, en suivant l'inspiration du moment.

Le bois d'olivier, c'est très beau, mais j'ai encore du mal à le travailler en petits diamètres. Donc le bout de la tige a cassé, j'ai essayé de rattraper le coup, mais les petites différences de proportions par rapport au fuseau en érable moucheté en font un fuseau-patate (qui tourne donc aussi bien qu'une patate...)

Pas grand-chose à faire à ce stade. Il faudrait reprendre la pointe pour en fait un fuseau tout simple effilé, mais arriver à le fixer correctement et pile dans l'axe n'est pas simple. On verra.

Ces deux-là aussi rejoindront la liste des ratés.

Maintenant que j'ai compris que le tournage, c'est pas comme le vélo, eh bien je l'accepte, et je me dis que ça ira mieux la prochaine fois.

Et pendant ce temps-là, j'avance dans un projet absolument captivant, la réalisation de la couverture Rams and Yowes de Kate Davis, uniquement en laines filées main.

Je suis partie de mèches de mérinos noir et écru trouvées le mois dernier chez Bart en Francis. Le marron a été trouvé chez Fibrex la semaine dernière. A partir de ces trois teintes, j'ai cardé pour obtenir les deux gris et les trois marrons plus ou moins clairs.

Le blanc pur est de l'agneau de Nouvelle Zélande des Laines du Mouchon. Le blanc cassé est un mélange de mérinos naturel et teint au brou de noix.

J'ai toute ma gamme de teintes, je vais pouvoir commencer à tricoter dans les jours qui viennent !

J'ai fait du tri dans ma bibliothèque, je propose ces livres à la vente. Ils sont en très bon état, sans odeurs de tabac. Les frais d'envois sont à ajouter au prix demandé. Remise en main propre possible sur le Nord de la France ou la région de Dijon.

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Je rappelle également ces deux livres Marie-Claire idées présentés le mois dernier. J'en demande maintenant 7 euros pour les deux, 4 euros pièce.

La bobine de laine violette est devenue une grosse pelote moelleuse, le tricot est en route.

Pour mettre en valeur les variations de teintes de la pelote rose, j'ai choisi le châle Daybreak de Stephen West. C'est un modèle facile à suivre, et l'arrondi se dessine joliment dès les premiers rangs. J'attends les premières rayures pour voir si le jeux des couleurs sera aussi chouette que dans mon imagination.

Dernièrement, j'ai eu envie de ressortir la machine à coudre, en tombant sur des rouleaux soldés chez Toto, à 80% de laine vierge.

J'ai commencé par une pièce ultra-simple, histoire de trouver mes marques avec ce lainage un peu épais. Il s'agit d'un snood inspiré d'un accessoire que j'ai repéré sur une copine. La créatrice n'avait plus de couleurs qui me plaisaient en stock, j'ai donc décidé d'essayer une version maison.

Hyper douillet, très chaud et amusant à draper de plein de manières différentes.

Et voilà, j'ai attaqué le second coupon, un beau coloris moutarde, avec un patron Burda du magazine de janvier 2011.

Je prends le temps d'essayer régulièrement la veste en cours de route, j'ai déjà corrigé un peu la largeur des manches, et j'ai compris l'utilité de "soutenir les têtes de manches" avec ce modèle.

Ici le lien vers l'article de Thread and needles qui a été, pour moi, une révélation.

Je continue d'explorer les possibilités de l'érable moucheté.

Beaucoup plus dur sous les outils que l'érable sycomore, il est aussi moins flexible, et moins susceptible de casser quand on taille des ornementations un peu profondes.

Le premier fuseau russe tombé du tour est donc un exercice de style autour des creux et des reliefs, des formes concaves et convexes.

Le bol coordonné est relativement simple, et assez haut pour stabiliser par son poids le fuseau de 25 grammes.

J'ai aussi tourné mon premier fuseau français. C'est drôle de voir les parentés de forme avec les fuseaux du Ladakh.

J'étais curieuse de tester les sensations au filage, notamment à cause du petit cône situé en haut du fuseau. Eh bien, ce petit cône donne un grand confort, il facilite la tenue entre les doigts. Bref, je suis convaincue.

Comme tous les fuseaux de petit diamètre, il gagne en inertie dès qu'il est un peu chargé en laine.

Le voilà habillé...

 ... et le voici tout nu !

Le châle Ashby a une construction un peu bizarre, il faut du coup le bloquer sévèrement pour lui donner une forme en triangle.

Ses proportions sont assez déroutantes, je n'ai pas encore trouvé comment le porter pour que ce soit à la fois beau et pratique.

Une chose est sûre: il est GRAND !

Mon Ashby est le résultat d'une longue histoire: de la mèche de Coriedale orange vif surteinte en rouge, cardée avec du coriedale blanc teint à la seringue en rouge, jaune et marron. Toutes les fibres viennent des Laines du Mouchon, il y en a pour 300 grammes au total (et pas mal de rab' non filé, qui pourra être intégré à d'autres projets)

Filage sur le rouet Fantasia, petit poulie standard, en laissant la fibre décider à quelle épaisseur elle voulait être filée.

La partie tricot n'a pas pris plus d'un mois, alors que la première mèche a été achetée en août 2006 !

Cette semaine, j'ai aussi filé la mèche teinte en violet: rien de tel que le rythme du rouet quand on revient du boulot bien trop tard, avec la tête saturée des bruits de conversation.

 Les deux bobines de célibataires...

... et le retors tout simple, fait ce matin en buvant le premier thé de la journée.

Le programme idéal pour se ressourcer.