Quand on commence à filer, rapidement, après l'achat d'un rouet, on se dit qu'on ne pourra pas continuer à vivre sans une cardeuse, des peignes, des mèches teintes commandées au bout du monde, des matières luxueuses, des tas de trucs et bidules pour nourrir la créativité.

Mais de temps à autre, c'est vraiment agréable de revenir aux basiques: prendre de la toison de mouton du coin (type tondeuse sur pattes), la laver tout simplement dans son lavabo en petite quantité et sans fatigue, la filer mèche à mèche, à peine passée à la cardinette.

 Et filer sans stress en présentant les mèches du côté "tip", ça donne des sensations proches du filage de laine peignée.

Et le résultat est enthousiasmant.

Du coup, une partie des mèches est passée aujourd'hui dans la marmite à teinture, finissage de fonds de bouteilles et couleurs au pif, et je pense procéder de la même manière pour le filage.

Cool. Zen.

Encore des souvenirs plein la tête après un mémorable Spinning Week-end avec quelques copines. Dans des nuages de fibres qui volaient un peu partout, nous avons échangé trucs et techniques, de quoi nourrir l'inspiration pour les prochaines semaines (en fait, jusqu'au prochain SWE, ça devient vite une drogue dure, ce truc !)

A cette occasion, j'avais apporté mon oreiller, mon pyjama et mes jouets:

(en haut à gauche, celui de Justine, au milieu, celui d'Isabelle, juste en-dessous, celui d'Alice, et à droite au milieu celui de Carole, qu'elle a baptisé immédiatement Air Force One)

Voir que chacune avait trouvé un petit fuseau qui lui convenait a été pour moi une des plus jolies émotions du WE.

Mais paradoxalement, pas de photos de filage cette semaine, principalement parce que je dois prendre le temps de terminer le filage en cours (la mêche orange), j'ai comme une mémoire dans les doigts qui m'oblige à terminer un projet avant d'attaquer le suivant, sous peine de ne jamais retrouver la même gestuelle ensuite.

Ce qui est sûr, c'est que dès que j'arrive au bout de mes 700m de worsted orange, je m'attaque à un beau single (yeah, j'ai appris comment filer un beau single !!!!)

Alors en parallèle, il y a eu un tout petit peu de travail du bois:

...une yarn gauge en bois de genevrier, comme toujours, à la recherche du petit truc qui rendra la pièce unique...

... deux tiges différentes pour le fuseau prototype, c'est la première qui a finalement gagné...

... un tricot qui a l'air d'aller, contre toute attente (pas la bonne laine, pas le bon numéro d'aiguilles, un mix entre deux modèles, on dirait que j'aime les défis...)

... et comme s'il n'y avait pas assez de modèles en français et en anglais, voilà que je me suis entichée de 3 modèles en allemand... dont je ne comprends pas le moindre mot.

A part Nadel, c'est écrit sur les emballages d'aiguilles Addi...

Arrivée de mon petit colis ce matin, rempli de belles essences de bois pour de futurs projets.

Un gros carrelet de bubinga ( en haut à droite) pour donner un bol au fuseau russe tourné cette semaine, et de longs carrelets pour essayer de nouvelles tiges à fuseaux turcs. Notamment de l'érable sycomore presque blanc, pour jouer les contrastes avec les bois colorés.

Parmi les nouvelles essences pour les fuseaux turcs, il y a du palmier rouge, du palmier noir, du bois de serpent et de la loupe d'orme.

Voilà de quoi nourrir l'inspiration, au moins dans l'atelier bois, parce que du côté des tricots, c'est plutôt "morne plaine". J'ai plusieurs projets en cours, mais aucun ne m'enthousiasme un minimum.

Pourtant, j'aime bien l'association de ces deux laines recyclées d'anciens tricots. Mais la forme du modèle choisi (un gros pull phildar tricoté en une pièce) ne m'emballe pas.

La laine filée aurait dû donner une écharpe moelleuse à rayures, mais... bof. Pas encore le bon modèle pour cette laine vitaminée.

Quant au gilet Rocky road, argh, les points sont sympas, mais dans cette pure laine gris foncé, ça me déprime...

... donc j'ai coupé du bois. Du palissandre d'Amazonie dense et sombre comme du chocolat noir, du bois de genévrier, tendre et au parfum épicé.

Mais ces ébauches resteront à ce stade pour aujourd'hui, j'ai trop tardé à racheter du papier de verre, je suis punie.

Du coup, j'ai monté sur le tour mon unique morceau de bubinga, et avec les petits résidus de papier de verre trainant dans l'atelier, j'ai pu aller au bout des finitions de ce fuseau russe.

Cette fois, j'ai réussi à lui faire un petit museau bien lisse.

Assez court, très agréable à utiliser, il serait parfait avec un bol un peu haut. On dirait que c'est le bon moment pour faire une commande de bois.

J'ai tellement aimé travailler le bois de violette (qui ne sent pas la violette, mais qui irrite bien la gorge et les yeux, en fait) que j'ai continué à couper dedans jusqu'à utiliser tout mon stock.

En plus du mini-mini fuseau en poirier, j'ai donc fabriqué un fuseau médium, un mini classique, et un prototype aux bras plus aplatis.

Tous ont été testés et ont passé les essais avec succès.

Le mini-mini de 16 grammes parait encore plus frêle une fois assemblé, mais il tourne comme un mini-démon. 

Dans la série des classiques, un mini de 25 grammes et un medium de 36 grammes.

Le prototype de l'autre jour est terminé, ses bras nettement plus plats font de lui un "speedy-fuseau", puisque l'enroulage de la laine filée se fait d'un minuscule mouvement de poignet. De plus, ses bras plus longs en font un fuseau de grande capacité, malgré son petit gabarit de 29 grammes.

Mais ce que je n'avais pas prévu, c'est que les découpes arrondies du dessous feraient ressortir à ce point les beaux motifs du bois.