Aprés quelques mois passés dans un réduit à l'intérieur, j'ai réinstallé l'atelier bois dans le chalet de jardin. Ah, retrouver le bruit du vent, sortir en plein air pour poncer les petites pièces à la main, quel plaisir !

Du coup, deux fuseaux classiques sont quasiment terminés. Ils ont finalement échangé leurs tiges lors de la phase de test: j'ai pris l'habitude de ne jamais coller les pièces avant d'avoir fait plusieurs essais. Le fuseau "Dark Vador" s'est avéré assez nul en fuseau suspendu, alors que la répartition du poids sera idéale pour un fuseau tibétain. Il me reste donc à lui faire une tige adaptée, le petit bol est déjà en cours de tournage.

Par contre, la fusaoïle très évidée de l'autre fuseau a une bonne inertie. J'avais pensé au départ lui donner une tige très simple, mais maintenant que je le vois ainsi, il me plait bien comme ça.

Vous avez remarqué ? La fusaïole est montée à l'envers par rapport à mes autres fuseaux, ça fonctionne aussi bien et franchement, c'est trop marrant à regarder tourner.

Et pour me familiariser avec la scie à chantourner trouvée ce week-end sur le Bon Coin, j'ai fait un premier prototype de fuseau turc "pour de vrai". Histoire de commencer simple, j'ai essayé de copier mon fuseau Walkyrie. J'ai pris un bois très simple pour faire mes gammes, l'épicéa, et ce n'est franchement pas le rêve: trop tendre, difficile à poncer correctement, pas assez lourd. Mais le fuseau tourne parfaitement, et c'est une bonne base pour continuer à chercher.

J'ai voulu essayer une découpe différente pour encastrer les bras, et finalement, ce n'est pas très concluant au moment de retirer la pelote de laine.

Pour le prochain essai, je tenterai une encoche du même type que sur mon fuseau du commerce.

Mon tout premier fuseau classique était parfaitement hideux, je me laisse du temps avant d'être satisfaite des modèles turcs.

Et sinon, sur les aiguilles à tricoter, du "totally brainless": un top-down improvisé au fur et à mesure, inspiré du gilet Simply grey de Fallmasche. Du n°5 qui va vite, une laine vraiment sympa à l'aspect feutré, une couleur profonde, une matière chaude et légère, que demander de plus ?

En Phildar cloudy, une laine très étonnante avec une "coeur" minuscule et un halo de fibres qui emprisonnent l'air, le nom est bien trouvé. 85% de laine, des pelotes rangées dans la catégorie fantaisie: chez Phildar, ça vaut vraiment la peine de lire les étiquettes de composition.

Ca fait un moment que j'avais envie de réussir une fusaïole plutôt plate, bien large, dans un style différent.

Il me manquait le morceau de bois adapté, mais lors de ma dernière visite, mon prof de tournage m'a offert des chutes de bois de toutes tailles, dont un bloc de frêne parfait pour ce projet.

Voilà le prototype, un fuseau bottom-whorl de 36 grammes qui servira ce week-end lors d'une initiation au filage. Comme le crochet est réversible, le fuseau peut devenir top-whorl si mes "p'tits élèves" se montrent doués.

Et comme pour le fuseau russe du mois dernier, le bois a juste été passé à l'huile de lin, je trouve que ça rend vraiment bien sur le frêne.

Ces derniers temps, je me suis aussi consacrée aux fuseaux tibétains

un petit bolide n°3

et un second kit à stries décoratives.

Et pendant ce temps-là, malheur de misère, des mites ont élu domicile dans un lot de mêche à filer. Ça fait trois jours que le sac est au congélo, je vais profiter du beau temps prévu demain pour sortir et trier mon mouton mité, mais ça me dégoûte d'avance...

Sur Ravelry, j'avais repéré il y a quelques mois une étagère à fuseaux qui m'avait tout de suite tapé dans l'oeil. Le contraste était parfait entre le bois brut et les fuseaux précieux.

Ma collection commençant à ne plus tenir dans mon bol en céramique, j'ai recruté mon conjoint et sa scie circulaire, nous avons récupéré des planches dans une palette qui avait vécu plusieurs saisons à la pluie, et j'ai assemblé le tout avec quelques clous.

Pour rester dans l'ambiance récup' et matériaux brut, j'ai remplacé les crochets brillants de première intention par des cloux en zinc.

Voilà qui correspond parfaitement à ce que j'avais en tête.

Et en prime, j'ai enfin réussi à filer sur un fuseau supporté ! Il suffisait d'employer les bonnes fibres (agneau) préparées convenablement (cardage puis rolags), et surtout... d'inverser mes mains.

Une semaine tout rond pour tricoter ce petit châle adorable, et encore, j'ai refait 3 fois les derniers rangs, pour cause de trop petit métrage.

Environ 250m de mêche bordeau surteinte en noir et violet, filage sur le Louet S17.

Châle "Abyssal", modèle en français et gratuit.
Version "aérienne" légèrement modifiée.
Vraiment adorable.

Et une première tentative de fuseau russe sur le tour à bois. Du frêne, un peu d'huile de lin pour réchauffer la couleur et faire ressortir le grain. Et même, ça ne file pas trop mal (et sûrement très bien, si j'avais la main...)

Je me suis remise doucement au tournage, et en ce moment, je fais dans le fuseau tibétain.

Un fuseau en frêne avec une fusaïole bien large , pour une inertie plus longue.

Et un autre tout en hêtre, de forme resserrée, un vrai petit bolide.

Et aujourd'hui, un essai de bol haut à coincer entre les cuisses pour positionner le fuseau plus bas.

Bref, je continue à m'amuser.

Mes séjours derrière le tour à bois ont été plutôt courts, ces temps-ci, mais les deux pièces qui en sont sorties ont chacune leur intérêt.

Toujours dans le même rondin de chêne, une nouvelle fusaoïle en forme de champignon, percée seulement en partie, pour garder un dessus parfaitement arrondi. L'aspect me plaît, mais l'inertie n'est pas immense.

Mais avec un grain pareil, je lui pardonne sa personnalité un peu paresseuse...

Pour obtenir une grande inertie, il faut avoir plus de matière sur l'extérieur du fuseau, c'est ce j'avais lu sur le forum du filage. Constatation imparable avec cette fusaïole très amincie au centre, une vraie formule 1, stable, équilibrée, qui file à toute vitesse et semble ne jamais vouloir s'arrêter.

Celle-ci est en cerisier, il lui manque encore sa tige définitive pour commencer sa carrière.

Allez, ce week-end, j'essaie de m'assoir derrière le rouet...

Elle est toute douce, a un grain superbe et inespéré, est faite dans le cerisier qui nous a submergé de confitures et de tartes toute mon enfance. Raté, c'est du chêne d'après mon prof de tournage...

Elle a été méritée, car tournée dans un bois donc l'écorce vermoulue me sautait dans le cou, et je craignais à chaque instant de me prendre un asticot coupé en deux dans la visière (ouais, le tournage, c'est pas toujours poétique, d'où l'intéret de se protéger le visage ET les vêtements...)

Pour plus de sureté, je vais la laisser reposer sans la fixer sur une tige tout de suite, histoire d'éviter un risque supplémentaire d'éclatement.

Je sens qu'on va être de grandes copines.

... ou le championnat des minus.

Partie pour fabriquer un fuseau turc un peu plus lourd, je me retrouve avec un poids plume encore plus léger que celui d'hier.

Sur celui-ci, j'ai creusé un peu les deux parties en croix afin qu'elles se placent naturellement à angle droit. Grande question: est-ce que ça ne va pas compliquer le retrait de la pelote de laine ?

Allez, pour le fun, le podium du concours des crevettes:

de gauche à droite:
Jenkins Turkish delight, 26 grammes,
prototype 1 de 16 grammes,
prototype 2 de 10 grammes (si, si, sans blague)

Sur un tour à bois, on peut faire aussi des objets pas ronds !

Comme un prototype de fuseau turc, 16 grammes sur la balance, et qui soutient la comparaison avec un vrai quand on le lance.

Mais il est moins joli que celui de Ed Jenkins, sans l'ombre d'un doute.

En tous cas, je vais continuer à expérimenter.

J'ai tourné aussi quelques tiges pour les fusaïoles de la semaine dernière, mais je ne suis pas pleinement satisfaite. De petites imperfections que je suis seule à voir, mais comme au tricot quand je défais au moins défaut, je ne suis pas prête à laisser un fuseau à moitié nickel.

En version tibétaine

Ou en version classique

Et là, entre les deux possibilités de montage de la fusaïole, j'hésite.

Ces derniers jours, les heures passées derrière le tour à bois avaient un but: fabriquer un fuseau de 30 à 40 grammes réversible, pour une débutant en filage.

Pas mal de rebut, quelques déconvenues, mais au final, un fuseau qui remplit le cahier des charges (35 grammes sur la balance, bien équilibré, tournant doucement fusaïole en bas, mais capable d'une belle rapidité fusaïole en haut).

Et que je trouve en plus très beau ...

Donc sans m'en rendre compte, je me retrouve à la tête d'une petite collection de fuseaux potentiels, avec tous les intermédiaires entre 15 et 30 grammes. Certaines fusaïoles iront sans doute sur des fuseaux tibétains, d'autres sur des fuseaux suspendus tout simples.

Chacune en tous cas trouvera son utilité... et peut-être sa fileuse ou son fileur.